Lili de Fontenay, danseuse chauve et nue

La naissance de Lili de Fontenay, danseuse chauve et nue

 
Il était une fois, un jour de l’été 1999, où je reçus l’appel téléphonique d’une jeune femme qui avait participé l’année précédente à la prise de vue de " Dans le silence des chemins ", série photographique créée et présentée au studio Ethel en octobre 1998.

Pour répondre à la demande d’un ami qui pour l’anniversaire de ses trente ans proposait à chaque invité de faire quelque chose d’exceptionnel pour lui, elle s’était rasée la tête, se trouvait très belle et aurait aimé que l’on fasse des photographies ainsi.
La proposition m’intéressa et j’étais content de cette confiance qu’elle m’offrait pour que je porte un nouveau regard sur elle.

Je lui demandai de pouvoir la revoir.
Nue, tête rasée, dans ce nouveau contexte la création paraissait fragile.

Car je ne souhaitais pas faire de photographies donnant l’impression de présenter une femme blessée par la maladie (les images d’une femme atteinte d’un cancer en cours de soins sont marquantes), en appartenance à une obédience extrémiste (où le crâne rasé est parfois un signe), ou bien maltraitée par autrui (captivité et contraintes de toutes sortes). Visuellement, le pas pouvait être facilement franchi pour y tomber.
Le sujet était donc très délicat à réaliser. J’hésitais à accepter, mais je connaissais bien cette personne et je savais que cette séance qu’elle m’avait demandée lui tenait au moins autant à cœur qu’à moi depuis sa proposition. J’envisageais l’hypothèse de les faire en forêt de Fontainebleau, lieu que nous connaissions bien, lui proposait aussi une nudité complète jusqu’à l’épilation du corps. Et l’intention d’exprimer quelque chose de joyeux, de drôle, fantaisiste aussi, pour multiplier les thèmes et ne pas se fixer sur un visage. Une sorte de variation autour du dynamisme du modèle.

L’idée me vint de faire un reportage "à la manière de " Paris-Match (j’espère que le journal me pardonnera cet emprunt, mais on n’emprunte qu’aux riches) sur une vedette qui reçoit les journalistes chez elle, pour faire un reportage complet dans l’intimité de l’hôtesse, images exceptionnelles et exclusivités réservées.
C’est ainsi que naquit l’idée de " Lili de Fontenay ".

Et alors, Lili (diminutif de son prénom pour le projet) de Fontenay (ville où elle vécue) accueillait avec bonne humeur le journaliste et le photographe de " Marie-Patch ", qui venaient passer une journée chez elle en forêt de Fontainebleau (les vedettes n’habitent pas toutes Barbizon), là où notre artiste préparait dans le plus grand secret son prochain numéro de One Woman-Show " Lili de Fontenay, danseuse chauve et nue ", où la danse, la parodie, le mimétisme et le travestisme (oui, même nue) étaient en cours de conception pour le plus grand plaisir de son futur public.

Dès lors tout était permis et nous nous amusâmes beaucoup.

Titre d’un programme qui conviendrait parfaitement à un aboyeur de foire, avec un petit brin de Ionesco (Eugène, pas Irina), " Lili de Fontenay, danseuse chauve et nue " était née.
Bonne visite en sa compagnie.

" Et merci encore à elle pour ces facétieuses et performidables photographies.
Rédacteur-photographe pour Marie-Patch, Hubert Didona. " le 14 10 2012

 
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